La petite madeleine de Mont-de-Marsan

II y avait déjà bien des années que, de Mont-de-Marsan, tout ce qui n'était pas le théâtre et le drame de ma biture, n'existait plus pour moi, quand un jour d'été, comme je partais à la féria, une dame, voyant que j'avais soif, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu d'eau minérale. Je refusai d'abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai. Elle envoya chercher une de ces boissons saines et goûtues étrangères à notre chère petites Madeleine qui semblent avoir été tirées dans la valve rainurée d'une source de Saint-Yorre. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une gorgée de l'eau qu'on avait osé introduire aux fêtes de la Madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée de relents de Pernod toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. II m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse : ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi.

Hé oui, j'ai commis hier l'acte de rébellon le plus significatif de ma vie : hurlant merde à la société, j'ai bu un perrier aux fêtes de la Madeleine.

Heureusement à ces fêtes il y avait aussi de la jacqueline comme d'habitude parce qu'il faut quand même pas déconner. Cette odeur mêlée de bière, de ricard, de pisse et de hot-dogs aux oignons ont fait rejaillir en moi le souvenir de toutes ses fêtes passées, du temps où Mac avait la tête en haut et où Karol glandait en fac comme tout le monde au lieu de travailler comme un grand.

Finalement, le temps passe et je me retrouve toujours à un moment donné avec un verre de jacqueline à Mont-de-Marsan, et ça finalement c'est plutît rassurant.

Le fêtes de Mont-de-Marsan c'était bien, et on y retournera, surtout que j'ai encore gagné une peluche à Rachel au tir à la carabine, et moi tant que je gagne, je joue!

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No